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blog du sculpteur Stéphane Gantelet

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Publié le 4 Mars 2009 par Stéphane Gantelet

Depuis quelque temps, vous l'aurez compris, la modélisation est au centre de ma pratique du volume. C’est une expérience assez incroyable et je mesure l'écart qui la sépare de la pratique traditionnelle de la sculpture. En effet, durant 15 ans j'ai travaillé comme fondeur. J'ai acquis ainsi une certaine habitude, c'est le moins qu'on puisse dire, à faire un travail bruyant, poussiéreux et long. La fonderie est une expérience forte. Elle réclame la mobilisation de toutes les forces physique de notre corps. Elle demande aussi de l'adaptabilité et de l'astuce.


Aussi, quand je me suis retrouvé devant mon ordi, j'ai eu la sensation de jouer. Mais ça n'a pas duré. Avec le temps j'avais développé des automatismes et une sorte de sens pratique qui me permettaient de tout faire de manière fluide. Mes gestes étaient devenus très sûrs. Lorsque je manipule mes "maillages" sur mon logiciel, j'ai littéralement la sensation d'avoir deux pieds à la place des mains. La manipulation n’est pas directe. Elle se fait via des outils et des contraintes d'axe. Ce n'est plus un mouvement mais des concepts mathématiques permettant la manipulation. Les développeurs on tellement bien travailler que l’on ne s’en rend pas compte tout de suite : on pousse des curseurs, on clic droit puis gauche, on coche, on décoche, etc… Au début ça parait quasi magique. Mais derrière, à peine masqué, comme en magie, il y a des formules. Toute opération sur le volume est possible mais via ces outils dérivées de formules mathématiques. En fait ce n'est plus de la matière que je manipule mais des maths différentiels. La première fois que j'ai entendu parler de cette notion c'est chez Deleuze dans son livre "le pli" à propos de Leibniz. Je me souviens avoir eu un flash: La modélisation c'est l'expérience directe de cette formulation des interactions entre les divers éléments d'un tout. Tu bouges un point et tous les autres points bougent. Si bien que la formule qui exprime la nouvelle figure géométrique crée ne décrit pas la forme mais les rapports qu’entretiennent entre eux les points de la forme. Bon, et alors ? Mais ca change tout ! Quand tu fais une sculpture en pierre par exemple, tu travailles sur une forme dont tu cherche à fixer les points et les lignes principales. En d’autres termes tu donnes à ces points des coordonnées fixes. Genre le poignet droit de ma sculpture en marbre est à 10 cm de la hanche gauche. Mais dans mon approche virtuelle des choses, tous les points dans l’espace sont à priori valables dans la mesure où les autres points s’adaptent les uns par rapport aux autres. En fait ils ne s’adaptent pas tout seul mais ils le fond si je les paramètres pour que tel soit le cas. J’introduis alors une idée, un désir paramétrique, qui accompagne le mouvement de mes points. Et fatalement, je suis moins accroché à une seule qu’à un ensemble de formes issues d’une manipulation « indirecte ».

 

 J’arrête c’est promis. Pour l’instant. Car cette sensation d’introduire un peu plus au cœur du volume la notion de mouvement et donc de temps me porte.

 

Pour illustrer cette idée voici quelques images d’un projet qui n’a pas vu le jour et que j’ai proposé autour de cette idée de multiples uniques. Il s’agissait, pour une chaîne de télé de faire 100 trophées pour 100 collaborateurs à travers le monde. Je suis donc parti d’une sphère pour aboutir à un cube, symbole appuyé de la télé, en 100 étapes. Ainsi on n’avait pas 100 fois un trophée mais 100 trophées uniques.

 

 

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