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blog du sculpteur Stéphane Gantelet

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188 - 24 Minutes

Publié le 4 Juillet 2019 par Stéphane Gantelet

188 - 24 Minutes

Hier, le 4 juillet 2019, nous présentions à l'IMP de Tujean le film des 24 vidéopoèmes que nous avons mis en scène avec Juliette Mézenc à partir du travail réalisé durant deux workshop de 15 jours avec les jeunes de la structure. Le resultat est un film entièrement en images de synthèse assez étrange qui est visible sur mon site à cette adresse : 24 Minutes

ou ici :

https://dai.ly/x7bhvn1

Pour présenter le projet j'avais alors écrit une note d'intention où je parle de mon rapport au "bricolage" :

"La position d'artiste pour qu'elle ait un sens se fabrique de l'intérieur par un travail nourri de recherches. Mais ce sens est parfois peu clair et difficilement lisible pour l'artiste lui-même qui pourtant en est à l'origine. La recherche parfois se focalise sur un objet ou une question qui n'a d'intérêt que parce qu'il fascine ou intéresse l'artiste. C'est en cela que l'art est intéressant et en permanence inattendu, irréductible à un point de vue et toujours subversif. Il soumet à la question. Ce questionnement est difficile à vivre quand on est artiste et, finalement, on observe souvent une tentation de l'esquive qui conduit à se retrancher dans une pratique et une attitude connue, déjà éprouvée, afin de ne pas affronter trop frontalement ce questionnement sans ménagement qui n'a rien d'agréable. 

 

Intervenir auprès d'un jeune public n'est pas une chose anodine. La question se pose de l'apport que vous pouvez faire. Comment partager une chose que vous avez tant de mal à affronter et la proposer à un public ? Est-il judicieux de mettre des jeunes dans la position d’affronter les questionnements déstabilisants de la position d’artiste? Les pieds au bord du vide la réponse me paraît évidente : en bricolant. 

Car bricoler pour moi est le processus du questionnement, c'est le moyen "d'inquiéter" une matière et un sujet, une façon de tisser des bouts d'espace et de temps dans un endroit et dans un temps donnés. Ce processus, en même temps qu’il a permis de produire quelque chose, nous a littéralement bricolés à l'intérieur de façon douce mais bien réelle. Le bricolage permet d’affronter la question de la création de biais, en douceur et permet de se lancer dans une création « en passant », chacun à sa mesure.

Avec Juliette nous avons rapidement eu l’idée de centrer nos interventions autour du corps.

La sculpture classique qui a marqué mon point d’entrée dans le monde de la sculpture s'attache au corps et est principalement un art du passage du plein au creux. On peut alors lire le corps comme une forme qui change en permanence d'états en passant d'un muscle à l'autre. Le corps est alors une seule forme dans une multitude d'états représentés en un seul temps. Avec différents crayons et stylos on peut ainsi bricoler une représentation qui contient l'idée de la forme et son mouvement. En recouvrant de terre une armature bricolée en fil de fer et en bois résumant les lignes de force du dessin on fait danser les pleins et les creux. Ce triple bricolage, mental, pratique et formel, va traverser d'autres espaces et d'autres temps en s'associant à un texte lui aussi bricolé dans ce même espace. Enfin, ces bricolages sont extraits de leur lieu de fabrication pour être transformés en volumes virtuels dans l'espace 3D de l'ordinateur. Ce passage est une expérience troublante car le scan par photogrammétrie récupère la sculpture fabriquée mais aussi la texture du volume (photos) proposant une lecture en profondeur d'une image. Partant de là on peut sculpter, animer et filmer ce volume virtuel et créer de la sorte un court film ou l'image s'associe au texte dans un dernier passage qui s'ouvre sur un espace inédit et personnel que, de par son caractère imprévisible caractéristique de l'art, nous nommons un espace poétique."

 

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